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Dans le désert, à Kidal ou ailleurs, la liberté ne se nomme pas,

elle se vit, elle se revendique

 

Inspirés par les sonorités du blues touareg, tel que l’ont fait connaître dans le monde entier TINARIWEN, BOMBINO ou encore TAMIKREST,  ces artistes autodidactes ont grandi avec le Festival au désert, rendez-vous emblématique de la détermination des populations du Nord-Mali à promouvoir leur culture au-delà des dunes de sable qui ont nourri, depuis des millénaires,  tant de fantasmes, tant d’imaginaire, dans un monde de plus en plus urbain.

Juste avant l’éclatement du conflit qui secoue depuis le Mali, Zeidi Ag Baba décroche sur la scène de ce festival le prix REVELATION avec le groupe TADALAT, dont il crée la majeure partie des arrangements avec Abdallah Ag AMANO (Sahara Sounds). Deux ans plus tard, suite à une première expérience de tournée internationale qui lui ouvre de nouveaux horizons,  de nouvelles amitiés, Zeidi décide de pousser plus loin son ambition.

Malgré (ou grâce) à l’absence totale de perspectives, il se remet au travail, seul, et prend  conscience lors de plusieurs aller-retour à BAMAKO qu’il est prêt à franchir un nouveau cap dans son parcours de musicien. Il commence à écrire ses propres textes  pour partager dans sa langue, le tamasheq, sa propre vision d’un blues touareg affranchi des codes dont le public international peine à sortir, tant les esprits sont encore marqués par l’extraordinaire épopée du groupe de  légende : TINARIWEN.

Les textes de Zeidi Ag Baba ne diffèrent pas en soi des sujets  qui animaient déjà le chant rebelle de ses aînés. Lui aussi raconte à sa façon le désert, le sous-développement, l’amour, la mort, les joies et les souffrances partagées au sein de familles éparpillées. Les uns alternent campement en brousse et vie à Kidal, les autres ont choisi une vie plus sédentaire en ville, beaucoup sont encore réfugiés hors du Mali loin des zones  de combat, ce qui rend à la fois difficile la question du retour, mais aussi celle, toujours aussi dérangeante, du développement de cette région désertique, dont le sous-sol regorge de ressource minière très convoitées.

L’ancien bassiste et percussionniste (TADALAT, AMANAR) met le rythme en mots, plus qu’il ne met des mots sur sa musique.  Ce n’est donc pas seulement dans la poésie de ses morceaux qu’il faut chercher ce qu’il apporte de neuf au blues touareg.  Nourri d’une multitude d’influences  musicales, comme tous les jeunes de son âge, Zeidi Ag Baba sait aussi bien faire danser, chanter son public, que lui offrir des ambiances plus nostalgiques. Il nous rappelle, aidé en cela par une voix chaude et lumineuse, combien la musique touarègue puise l’essentiel de son énergie dans un rapport bien particulier à la langue tamasheq, dont la poésie profonde reste inaccessible au plus grand nombre.

Zeidi Ag Baba aime reprendre sur scène un texte méconnu du célèbre poète et musicien, INTAYADIN, qui met en garde la nouvelle génération  contre l’impasse où conduit la tentation de renier sa culture pour mieux se fondre dans la modernité. HORIYA reprend à son compte ce message, si actuel à l’heure où les valeurs qui font la richesse du peuple touareg, le sens de l’accueil et la tolérance notamment, mais aussi et surtout la dignité comme la liberté, sont mises à rude épreuve.

Si Zeidi Ag Baba a choisi de créer sa propre formation, c’est pour explorer cet espace de liberté qu’est la musique, par  laquelle il veut faire entendre sa voix, partager son répertoire avec d’autres musiciens sur les scènes du monde entier. D’où le nom du groupe, « HORIYA », qui signifie - les fins connaisseurs l’auront déjà remarqué-, Liberté en arabe et non en tamasheq.

Dans le désert, à Kidal ou ailleurs, la liberté ne se nomme pas, elle se vit, elle se revendique.

 

 

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